lundi 11 avril 2022

The Batman (M. Reeves, 2022)

 



Batman est, par essence, un super-héros complexe et sans cesse tiraillé entre le Bien et le Mal, et, même, engoncé dans son rôle de justicier, palliant les manques et les échecs de la police. A rendre la justice, il flirtera donc toujours avec les héros des vigilante movies (façon Charles Bronson ou Joe Don Baker). L’ouverture du film, très sombre, peu spectaculaire (prenant ainsi le contre-pied de The Dark Knight) fait d’ailleurs directement référence à Un justicier dans la ville (avec la bande qui attaque un quidam dans le métro).
Et, comme il se doit mais de façon plus marquée encore que dans d’autres films de la série, Batman ne quitte jamais cette crête étroite et instable entre justice et vengeance. Et, au-delà, on sait que si la justice apaise, la vengeance en revanche, condamne. Cette hésitation est renforcée par le tueur qu’il s’agit de traquer et qui est un alter-ego direct de Batman, reprenant un grand thème du cinéma américain avec cette confusion grise marquant la vaste zone d’ombre entre le Bien et le Mal.

Robert Pattinson – au jeu minimaliste indispensable pour le rôle – est comme l’héritier d’un monde noir, détruit et dont on ne s’extrait guère. Cet acteur millenium donne une ligne d’interprétation très dure : il est comme le spectateur héritier d’un monde aux allures de cloaque.

Le tueur évoque, comme mélangés dans un shaker toujours plus noir et trouble, les psychopathes de Seven, de Zodiac ou même de Saw (pour les mises en scène des crimes en forme de pièges rédempteurs volontiers trashs).

On regrette le climax final – comme une concession à ce passage obligé des blockbusters –, qui est peu convaincant et montre combien Matt Reeves est plus à l’aise dans cette atmosphère non plus gothique (hormis les intérieurs de la maison de Bruce Wayne comme l’exige le genre) mais alourdie du poids du mal.

 

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