Très beau film
de Helmut Käutner qui, sur une trame classique mais traitée avec une rare
élégance, enchante autant qu’il berce et séduit autant qu’il attriste.
Romanze in Moll (1) – qui s’appuie
sur une nouvelle de Maupassant – déploie un classique triangle amoureux qu’il étend
bientôt à un jeu à quatre inextricable, jouant adroitement de flash-backs,
passant de scènes très dramatiques (l’ouverture du film) à d’autres légères
(l’élégante séduction de Michael, tout en décontraction et en raffinement). Mais, en même temps, l'histoire est imprégnée de bout en bout d'un ton mélancolique, du fait du choix de l'ouverture (le film démarre par un suicide) mais aussi par son traitement
visuel éblouissant, tout en nuances et en lumières, tantôt tamisées et tantôt étincelantes, à la préciosité douce.
On retrouve l’humeur
et le style de Romanze in Moll dans
les plus grands chefs-d’œuvre d’Ophüls aussi bien dans l’image volontiers
cristalline et diaphane que dans le drame qui se noue de façon inexorable (ici
comme dans Madame de… c’est un duel
qui clôt le film), mais aussi, par exemple, dans le beau Elvira Madigan de Bo Widerberg, qui a repris la même douceur
désespérée et tragique, avec le même regard neutre et tout en retenue du réalisateur.
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(1) : Au terne titre français, on préfère la beauté du titre original, qui fait à la fois écho à l’histoire, bien sûr, mais aussi aux choix de Käutner qui traite son sujet avec humilité, sobriété, retenue : en mode mineur en somme.
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