Le film ne manque pas de courage en abordant un thème difficile, celui du passing, où une Noire cherche à se faire passer pour une Blanche pour éviter la ségrégation et forcer son destin. C’est mettre le doigt sur le métissage, peur fondamentale des Blancs du Sud pendant la ségrégation. C’est un passing réussi semble-t-il : Pinky est diplômée et, surtout, elle est intégrée dans le monde des Blancs dont elle a l’éducation. Le retour dans la maison natale n’en sera que plus violent.
Le film cède aux canons de la représentation du Sud, à travers une iconographie assez typique, avec ses maisons défraichies et abandonnées (ce qui annonce Mandingo) ou les ruelles proches des marais. Et la grand-mère blanchisseuse doit beaucoup à la Mamma de Autant en emporte le vent. L’heure n’est pas encore venue de rompre avec les représentations hollywoodiennes.
Mais le film montre bien le
racisme ordinaire qui pousse Pinky, tout au long du film, à renier sa
« race » pour se tourner vers une vie meilleure. Et c’est la
grand-mère de Pinky qui la relie à son ascendance et l’empêche de fuir. Et ce
sera, en fin de film, une prise de conscience venant de Miss Em qui,
paradoxalement – elle est blanche et acariâtre – la décidera finalement à rester et à se
battre.
On notera que si Thomas – le
fiancé blanc – est prêt à emmener Pinky même après qu’il apprend qu’elle est en
réalité Noire, c’est à la condition que la société ignore la réalité : le
regard des autres semble plus fort que l’amour… Mais Pinky décide d’être en
accord avec elle-même et de ne pas vivre cachée.
On regrette une fin certes
optimiste mais du coup trop hollywoodienne. Mais, alors que les lois mettant
fin à la ségrégation mettront encore bien des années à arriver, cette fin a
une allure de manifeste empli d’espoir.
Et, avant L’Esclave libre ou Le Mirage de la vie, Hollywood commence à regarder la ségrégation et le racisme les
yeux dans les yeux. Le moment Mandingo,
lentement, approche.
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