vendredi 23 décembre 2022

Princesse Mononoké (Mononoke hime de H. Miyazaki, 1997)





Ce chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki est l’un des points culminants de son œuvre. On y retrouve, peut-être plus explicitement que dans d’autres films, tous ses thèmes de prédilection et toute l’harmonie de son style. Il faut dire qu’il retravaille des motifs et un scénario déjà exprimés dans Nausicaä de la Vallée du vent, qui peut être vu comme un premier jet (et quel premier jet !) de Princesse Mononoké. Il en reprend notamment les principaux thèmes (la forêt, détruite et qui se défend, l’harmonie brisée qu’il va falloir retrouver, la dimension mythologique), le tout organisé autour d’un duo de jeunes héros.

Toute la poésie de Miyazaki envahit l’écran dans de très belles séquences et il parvient, comme souvent, à trouver cet équilibre étrange, entre style typiquement manga, mythologie (démons, dieux, sorts jetés), histoire du Japon (les samouraïs, le village avec ses forges et ses soldats) et une grande richesse de personnages (jeunes filles, femme forte et dominatrice, vieillard, chamane, guerriers samouraïs belliqueux, ouvrières, etc.).

Le film travaille très bien deux idées très riches : les animaux transformés par la colère en démons (ce motif existait déjà sous une autre forme dans Nausicaä) et le bras d’Ashitaka progressivement rongé par le mal.

La catastrophe finale laisse place à un monde qui renaît et qui est porteur d’espoir tout en laissant une fin étonnamment ouverte (l’harmonie nécessaire entre Ashitaka et la princesse Mononoké restera toujours fragile).

Et l’imaginaire de Miyazaki, toujours étonnant et très riche, se déploie dans de magnifiques séquences jusqu'à exploser en fin de film.

On s’amuse de retrouver, dans Avatar, de nombreux thèmes mais aussi de nombreuses images (notamment la richesse visuelle de la forêt) qui viennent tout droit de Princesse Mononoké. Mais il faut dire que le film de James Cameron, au travers de son sujet principal (les industriels qui viennent détruire l’harmonie d’une planète), rejoint nettement, mais en beaucoup moins riche – la puissance visuelle du réalisateur américain manquant de poésie et d’épaisseur mythologique – celui de Miyazaki.

 



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