Corman – avec un
budget légèrement plus élevé qu’à l’habitude – construit un film qui envoûte
par son atmosphère, ses effets réduits, ses jeux de couleurs et son décor
gothique. Et le spectateur reste coincé dans le huis clos de la maison Usher,
maison qui se meurt, tout comme se meurt la lignée maudite des Usher, comme si la
généalogie et les pierres se confondaient dans leurs destins. C'est la maison elle-même, ici, qui tient lieu de monstre.
Corman,
reprenant la tradition littéraire fantastique, suggère, évoque, sème le
trouble, sans jamais trancher ni jamais s’écarter de cette ligne de crête
étroite, entre irrationnel et fantasme. Et ce choix du
réalisateur – et c’est là davantage une simple remarque qu’une critique – tourne
le dos à l’onirisme noir d’Epstein quand il avait déjà, dans les années 20,
adapté la nouvelle de Poe. C’est bien Poe qui guide Corman, et non Epstein.
Vincent Price, avec son incroyable prestance, sa voix et son phrasé, campe un Roderick Usher à la fois magnifique, accablé et tourmenté. Les autres personnages, à ses côtés, font assez pâle figure.
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