mercredi 30 octobre 2024

Le Bagarreur (Hard Times de W. Hill, 1975)

 



Si Le Bagarreur est un film typique des années 70, c’est au travers de l’époque qu’il met en scène (les années 30) et les personnages qui l’animent, qui sont pauvres, magouilleurs, sans le sou, vivant dans les bas-fonds et cherchant à gagner quelques dollars à force de bonnes combines ou de paris de boxe. Mais ce n’est guère par la mise en scène de Walter Hill (dans sa première réalisation), très conventionnelle et peu prenante.
Charles Bronson et James Coburn font un bon duo de personnages, l’un taiseux et énigmatique, l’autre hâbleur et magouilleur.
Mais le film reste trop distant de ses personnages et ceux-ci restent trop lisses pour que l’on s’y accroche réellement et qu’ils restent en mémoire.



lundi 28 octobre 2024

La Fille de d'Artagnan (B. Tavernier, 1994)

 



Film de cape et d’épée plaisant où Bertrand Tavernier insuffle un beau souffle plutôt comique qu’épique. L’ensemble a un ton décalé (jusqu’au générique final) et l’on sent Tavernier jubiler derrière sa caméra.
On retrouve le grand principe du complot comme moteur de l’action, avec l’originalité de la fille  échappée du couvent et à demi-secrète de d’Artagnan (Sophie Marceau, pimpante mais sans grand relief). Mais ce sont les vieux bonshommes qui sont très bien : Philippe Noiret, dont le cabotinage passe bien ici, ou Samy Frey parmi les mousquetaires et, surtout, Claude Rich, en grand méchant comploteur, qui est délicieux.



samedi 26 octobre 2024

Il boom (V. De Sica, 1963)

 



Vittorio De Sica, célébré pour ses films néoréalistes, a ensuite suivi le mouvement des comédies italiennes. Il boom est sans doute sa meilleure réussite, en portant un regard corrosif et très sévère sur l’Italien moyen qui, au milieu des glorieuses années 60 italiennes, veut devenir, en un claquement de doigt, l’égal des grands bourgeois et est prêt à tout pour y parvenir. De Sica construit parfaitement son personnage : Giovanni a de l’ambition mais il n’est pas capable, il aimerait en être mais il n’en est pas. La fin, très réussie, est particulièrement dure.
Dans cette farce cynique, l’abattage d’Alberto Sordi est extraordinaire et il rend crédible ce personnage de Giovanni par la richesse de son jeu où se mélangent à la fois le hâbleur et le lâche, le désespéré et le fier, le timide et l’hypocrite. Très peu d’acteurs sont à ce point capable de nuances et d’intonations différentes, ici pour montrer tout ce qui bouillonne et se contredit dans le crâne de l’infortuné Giovanni.


jeudi 24 octobre 2024

Twisters (L. I. Chung, 2024)

 



Reprenant l’idée principal du Twister des années 90, ce film catastrophe très américain ne va pas beaucoup plus loin. Il fait déferler sur l’écran des tornades toujours plus grosses et ravageuses et il met en scène une fine équipe avec une citadine et un cow-boy qui s’opposent d’abord pour finalement – coup de théâtre inattendu – tomber dans les bras l’un de l’autre. Le petit couplet sur les chasseurs de tornades qui sauvent les braves gens touchés de plein fouet est assez pénible et, si quelques séquences sont spectaculaires – effets numériques oblige –, l’absence totale de suspense rend le film bien peu palpitant.

 

mardi 22 octobre 2024

Une poignée de plomb (Death of a Gunfighter de Don Siegel, 1969)

 



Intéressant western qui s’appuie sur un personnage principal peu héroïque et mal aimé : le film raconte sa résistance face à ceux qui veulent le voir quitter la ville.
Autrefois nettoyeur de ville efficace, le shérif Frank Patch est maintenant devenu indésirable : trop violent, s’attirant des haines, il ancre par trop la petite ville dans son passé. La bonne société veut tourner la page mais elle reste empêtrée dans les promesses qu’elle a pu faire à ce personnage qui lui a jadis sauvé la mise. Le titre original dit d'ailleurs très bien ce qui se joue.
Le film montre cette transition difficile entre la loi des colts, où la force était reine, et ce règne de la loi et du choix des citoyens. On retrouve alors, en plus simple et moins abouti, des réflexions qui étaient au cœur de L’Homme qui tua Liberty Valance. Et, sans avoir la maestria de Ford, Don Siegel trouve un bon angle de vue et reste très intéressant. Une poignée de plomb doit aussi beaucoup à Richard Widmark, dont le jeu complexe convient très bien à ce personnage dont le temps est passé mais qui refuse de l’entendre.

 

samedi 19 octobre 2024

La Passante du sans-souci (J. Rouffio, 1982)

 



Cette histoire construite sur un coup de théâtre (l’assassinat du diplomate) que le film va expliquer progressivement se révèle somme toute assez peu prenante, la faute sans doute à une réalisation sans grand relief de Jacques Rouffio.
Il pourrait y avoir le plaisir des acteurs mais Michel Piccoli est très sous-employé, du fait des importants flash-backs. Et si l’on voit davantage Romy Schneider, son double rôle sert assez peu l’intrigue et semble surtout permettre à l’actrice d’occuper l’écran.



jeudi 17 octobre 2024

Les Larmes du soleil (Tears of the Sun de A. Fuqua, 2003)

 



Film de guerre sans intérêt où l’ami Bruce Willis, à la tête d’un commando, doit retrouver et exfiltrer un docteur (campé par Monica Bellucci : il faut sacrément croire en la médecine pour la voir crédible en chirurgien perdue dans la forêt nigériane).
Le film se résume à des coups de force qui sont l’occasion de montrer toutes les horreurs des guerres africaines, avec des milices impitoyables qui font des razzias sur les villages. On préfère oublier le discours lourd et rabâché (il est vrai que la guerre est atroce mais quel besoin de le montrer une énième fois, avec force gros plans sur des horreurs ?), à moins qu’il soit préférable d’oublier le film lui-même, insipide.

mardi 15 octobre 2024

Mort un dimanche de pluie (J. Santoni, 1986)

 



Intéressant et rare thriller horrifique français où un couple bourgeois est harcelé par une famille en caravane. Mort un dimanche de pluie, démarrant sur des bases inquiétantes (cette ombre qui déchire le plastique faisant office de fenêtre et à travers lequel la tempête rugit), ira au bout de son idée pour finir dans l’horreur. C’est d’ailleurs une des grandes réussites de Joël Santoni que de faire débuter son film sur des séquences qui mettent mal à l’aise avant, progressivement, de l’emmener vers le sordide (la petite fille attachée nue sur les cabinets) puis dans l’horreur avec des éclaboussures de sang éparpillées sur les murs. Et le film exploite très bien l’ambiance de pluie et de boue grasse qui entoure cette maison d’architecte, contemporaine et froide, qui va bientôt devenir un écrin glauque.
On regrette les séquences dans le studio en Suisse, dont la musique et le ton viennent interrompre maladroitement la tension qui monte et qui se referme sur le couple dépassé qui ne comprend que tardivement ce qui se joue.
Le film pâtit aussi de la très médiocre interprétation de Nicole Garcia et de Jean-Pierre Bacri qui ne jouent pas juste. C’est bien dommage, puisque, en face, le couple de psychopathes (Jean-Pierre Bisson et Dominique Lavanant) est très bien tenu. Jean-Pierre Bisson, notamment, est faussement affable et visqueux à souhait.
On notera l’image finale risible (la mère emmenant avec elle non seulement sa fille retrouvée mais aussi la petite Brinsky) qui entache quelque peu le très bon jusqu’au-boutisme du film.

 

mercredi 9 octobre 2024

Opération finale (C. Weitz, 2018)

 



Film historique très quelconque et qui manque de saveur pour passionner. Le sujet est pourtant en soi porteur (l’histoire du commando envoyé pour enlever Eichmann et le ramener en Israël) mais le film, qui se veut une reconstitution minutieuse et appliquée, déroule avec une platitude mécanique ces différents évènements. Ce n’est pas la faute des acteurs mais plutôt de la réalisation sans relief et d’un rythme perdu en cours de route (après l’enlèvement, les dix jours de latence sont mal intégrés dans la trame). L’ensemble, beaucoup trop fade, est vite oublié.


lundi 7 octobre 2024

Les Racines du monde (Die Adern der Welt de B. Davaa, 2021)




Si Les Racines du monde nous emmène en Mongolie, passé l’exotisme de la situation (la vie dans les yourtes, les trajets pour aller à l’école, les mineurs qui exploitent de pauvres trous creusés dans le sol), le sujet apparaît assez pauvre et, surtout, très naïf.
Si le rapport au père était intéressant dans la première partie du film, ce père disparaît très vite. Et le concours de chanson (dont on se doute qu’il sera décisif) est oublié très longtemps et devient seulement un artifice scénaristique peu convaincant.
Le film saisit bien des paysages, en cherche la beauté et l’ancrage des siècles, mais lorsque l’on voit le jeune Amra saboter les moteurs des machines en pensant influer la marche du monde, on comprend que le film se fourvoie.
On est bien loin de la réussite de Où est la maison de mon ami ?, qui permettait au spectateur d’épouser le drame de l’enfant (drame, qui, dans une vision d’adulte, n’en est pourtant pas un). Ici c’est tout le contraire : on voit Amra se réjouir d’avoir mis en panne un moteur, mais l’on sait bien que cela ne changera rien à ce qui se joue dans la steppe (les troupeaux des nomades seront repoussés par l’arrivée des sociétés minières qui viennent exploiter les sous-sols). On est donc dans l’exact opposé du film de Kiarostami : au lieu de nous amener à ressentir ce que ressent l’enfant, on juge à l’aune d’un adulte ce que l’enfant perçoit. Si Byambasuren Davaa nous donne à voir un enfant qui vit ses drames (la disparition du père, ses détresses, ses renoncements), elle ne parvient pas à filmer à hauteur d’enfant, ce que Kiarostami faisait de façon éblouissante.

 

samedi 5 octobre 2024

Né pour tuer (Born to Kill de R. Wise, 1947)





Film noir qui a eu une grande renommée dans les années 50, ce qui peut surprendre, tant Sam Wilde, le personnage masculin au cœur du film, reste caricatural. Mais Lawrence Tierney impose une masse dure et tranchante, qui peut marquer les esprits (et qui peut expliquer que Tarantino ait fait appel à lui dans Reservoir Dogs).
Le personnage féminin d’Helen, en revanche, tenu par une Claire Trevor épatante, est très intéressant. Helen s’avère en effet, à la grande surprise du spectateur, pire encore que l’impitoyable Sam. Robert Wise déporte ainsi progressivement l’axe du film vers Helen dont on ne soupçonne pas tout d’abord le jeu de séduction/répulsion.
Le film, alors devient un joli prototype de film noir avec ce personnage féminin qui est un stéréotype de la mante religieuse manipulatrice et fatale qui convient si bien au genre.

 


mercredi 2 octobre 2024

Un homme est mort (J. Deray, 1972)

 


Jacques Deray, entre ses deux Borsalino, file au États-Unis et propose un film très américain, qui n’a pas d’autre originalité que ce Français (Jean Louis Trintignant, assez terne) qui parcourt le film.
Pour le reste, du sujet à la musique en passant par la mise en scène et les séquences conventionnelles qu’il propose, l’ensemble fait très américain. On a donc droit aux lieux habituels (l’hôtel, le parking dans lequel on déboule en voiture, le bar avec ses entraineuses, la riche villa…), peuplés de personnages stéréotypés (un tueur taiseux, un second tueur qui pourchasse le premier, un fils riche qui agit contre son père…) et qui se retrouvent dans des séquences attendues (course-poursuite, trahison, fusillades, etc.). La musique – américaine elle aussi et très typée années 70 – convient assez mal à l’ambiance du film.
On notera néanmoins l’apparition de Michel Constantin qui, plus que Trintignant, donne une singulière touche française au milieu de tous ces américains. Et l’explication finale dans le funérarium est bien vu.