lundi 13 janvier 2025

Le Souffle au coeur (L. Malle, 1971)

 



Louis Malle, après La Petite, joue à nouveau de provocations puisque la relation entre Laurent et sa mère, d'abord innocente puis tendancieuse, ira jusqu’à l’inceste. Pour autant le film est une forme d’éducation sentimentale – jusqu’au-boutiste dans sa provocation, donc – dans un milieu grand bourgeois : le petit dernier de la fratrie se cherche, aspire à un monde pour lequel il est encore trop jeune et le film explore sa psychologie du désir.
On retrouve par moment des accents de Lacombe Lucien : non pas dans le caractère fruste du personnage, mais dans à travers une obstination un peu butée. Ici Laurent aspire à la rencontre charnelle, émoustillé par ses frères, tenté par la chimie des désirs.
Louis Malle tire à boulet rouge sur le monde bourgeois (de façon efficace mais très conventionnelle pour le coup) avant de basculer dans le véritable moment corrosif avec ce final vénéneux et provocateur. Et le film, alors, se comprend différemment : il a permis de construire un personnage et un rapport entre ce personnage et sa mère qui a pu conduire à ce terrible moment œdipien.
Le Souffle au cœur fait ainsi partie de ces films qui, à côté de toutes les approches symboliques ou métaphoriques de l’Œdipe, jouent du passage à l’acte concret : par exemple tuer le père dans Harry, un ami qui vous veut du bien ou, donc, ici, épouser sa mère.


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