
Louis Malle, après La Petite, joue à nouveau de provocations puisque la relation entre
Laurent et sa mère, d'abord innocente puis tendancieuse, ira jusqu’à l’inceste. Pour autant le film est une forme
d’éducation sentimentale – jusqu’au-boutiste dans sa provocation, donc – dans
un milieu grand bourgeois : le petit dernier de la fratrie se cherche, aspire à un monde
pour lequel il est encore trop jeune et le film explore sa psychologie du
désir.
On retrouve par moment des accents de Lacombe Lucien : non pas dans le
caractère fruste du personnage, mais dans à travers une obstination un peu butée. Ici
Laurent aspire à la rencontre charnelle, émoustillé par ses frères, tenté par
la chimie des désirs.
Louis Malle tire à boulet rouge sur le
monde bourgeois (de façon efficace mais très conventionnelle pour le coup)
avant de basculer dans le véritable moment corrosif avec ce final
vénéneux et provocateur. Et le film, alors, se comprend différemment : il
a permis de construire un personnage et un rapport entre ce personnage et sa
mère qui a pu conduire à ce terrible moment œdipien.
Le Souffle au
cœur
fait ainsi partie de ces films qui, à côté de toutes les approches symboliques
ou métaphoriques de l’Œdipe, jouent du passage à l’acte concret : par exemple tuer le
père dans Harry, un ami qui vous veut du
bien ou, donc, ici, épouser sa mère.
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