mardi 9 septembre 2014

Image-action et image-temps



Gilles Deleuze (dans L’Image-mouvement et L’Image-temps, 1983 et 1985) propose de classer les images en deux grands types :

- Tout d’abord des images qui fonctionnent selon un schéma sensori-moteur, c’est-à-dire des images qui présentent une situation, situation qui va engendrer une action (ou une suite d’actions tout au long du film). Cette action va provoquer une modification de la situation initiale, amenée vers une situation finale. Par exemple, dans La Rivière rouge de H. Hawks, le troupeau de vaches est emmené d’un point A vers un point B suite aux aventures racontées dans le film : les actions ont modifié la situation initiale. Deleuze rassemble ce type d'images sous le terme d'image-mouvement (c'est le mouvement qui est filmé).

- Mais tous les films ne suivent pas ce mécanisme. Ils ne montrent pas tous des situations réellement changées par des actions. Dans d'autres films, en effet, l’image ne montre pas l’action, elle montre le temps qui se déroule. C’est ce que Deleuze appelle l’image-temps. C’est le lot des films modernes, c’est-à-dire ceux qui montrent des héros qui errent sans but réels, qui ne sont pas motivés par une action bien déterminée, qui se laissent porter. De Taxi Driver à Pierrot le fou en passant par L’Avventura ou Blow-Up, on est dans cette image-temps. Pour Deleuze (et la chose est contestable) l’âme du cinéma est maintenant dans l’image-temps.

Bien sûr cette classification des images est intéressante mais ne doit sans doute pas être prise au pied de la lettre (c'est-à-dire qu'il ne faut pas chercher à classer impitoyablement chaque film ou chaque séquence). Elle doit surtout permettre d’enrichir les réflexions de chacun.

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