Gilles
Deleuze (dans L’Image-mouvement et L’Image-temps,
1983 et 1985) propose de classer les images en deux grands types :
-
Tout d’abord des images qui fonctionnent selon un schéma sensori-moteur,
c’est-à-dire des images qui présentent une situation, situation qui va engendrer
une action (ou une suite d’actions tout au long du film). Cette action va
provoquer une modification de la situation initiale, amenée vers une situation
finale. Par exemple, dans La
Rivière rouge de H. Hawks, le troupeau de vaches est emmené d’un
point A vers un point B suite aux aventures racontées dans le film : les
actions ont modifié la situation initiale. Deleuze rassemble ce type d'images sous le terme d'image-mouvement (c'est le mouvement qui est filmé).
-
Mais tous les films ne suivent pas ce mécanisme. Ils ne montrent pas tous des
situations réellement changées par des actions. Dans d'autres films, en
effet, l’image ne montre pas l’action, elle montre le temps qui se
déroule. C’est ce que Deleuze appelle l’image-temps. C’est le lot des films modernes, c’est-à-dire ceux qui montrent des héros qui errent sans but
réels, qui ne sont pas motivés par une action bien déterminée, qui se laissent
porter. De Taxi
Driver à Pierrot le fou en passant par L’Avventura ou Blow-Up, on est dans cette image-temps. Pour Deleuze (et la chose est
contestable) l’âme du cinéma est maintenant dans l’image-temps.
Bien
sûr cette classification des images est intéressante mais ne doit sans doute
pas être prise au pied de la lettre (c'est-à-dire qu'il ne faut pas chercher à classer
impitoyablement chaque film ou chaque séquence). Elle doit surtout permettre
d’enrichir les réflexions de chacun.
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