jeudi 13 novembre 2014

L'Enfer est à lui (White Heat de R. Walsh, 1949)




Extraordinaire film, qui met en scène un des premiers vrais psychopathes, poursuivant le chemin tracé par Richard Widmark dans Le Carrefour de la mort de H. Hathaway, mais en donnant à ce personnage une place centrale. Le film commence comme un polar des années 30, ceux dans lesquels le même James Cagney a posé les bases de son rôle typique de gangster, avec R. Walsh déjà, par exemple dans Les Fantastiques années 20, ou avec W. Wellmann dans L’ennemi public. Mais très vite le film transcende le genre en apportant une touche délirante, déviante, névrosée, qui entraîne tout le film.
Ce prototype de méchant au centre du film dépasse largement le gangster, ouvre une porte nouvelle dans le cinéma de genre. Le personnage de psychopathe a depuis été décliné mille fois, jusqu’à devenir une tarte à la crème du méchant. Mais ces psychopathes n’ont souvent plus aucune substance, ces personnages ne justifient en rien leurs actes : ils sont psychopathes, voilà tout. Rien de tout cela dans L'Enfer est à lui, où c’est la relation de Cody Jarrett à sa mère qui l’entraîne dans sa névrose.
Quand on voit Joe Pesci dans ses rôles déjantés de mafieux bouillonnant et incontrôlable dans Les Affranchis ou Casino, on pense à ce taré de Cody Jarrett. La célèbre image finale est l’aboutissement parfait du film. Comme le dit très bien J. Lourcelles « les valeurs héroïques (courage, ténacité, audace, ascendant sur les femmes) ont toutes évolué négativement vers la monstruosité ».

L’un des tout meilleurs Walsh, assurément, qui vient conclure en apothéose un genre et en annoncer un nouveau.


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