Bon polar de
André De Toth qui met en avant deux éléments essentiels au genre. D’une part le
film exprime parfaitement combien il est impossible pour un truand de
s’extraire du milieu et de redevenir un simple citoyen. Le pauvre Steve Larcey, qui cherche à refaire sa vie et ne demande
qu’à raccrocher, est sans cesse contraint à replonger, à la fois du fait de ses
anciens compagnons d’infortune, mais aussi du fait des flics qui lui font bien
savoir qu’il sera toujours, pour eux, un truand, sans cesse suspecté, surveillé et qu’il est comme marqué à jamais.
Cette thématique
(que l’on trouve dans de nombreux autres polars, par exemple dans Le Carrefour de la mort de Hathaway) est
renforcée par un autre aspect remarquable qui se trouve dans la figure du flic,
interprété par Sterling Hayden. C’est que Sterling Hayden joue avec la même
dégaine le flic (comme ici) ou le voyou (comme dans Asphalt Jungle de J. Huston ou comme il le fera dans L’Ultime razzia de S. Kubrick) : force brute, fausse décontraction – il
mâchouille nerveusement un cure-dent –, phrasé court et lapidaire. Sims est un
flic mais il est en tout point semblable aux truands qu’il pourchasse. Il a la
même violence et le même jugement manichéen sur ceux qu’il croise, il ne
s’embarrasse pas d’une finesse de jugement et il est indifférent à autrui. Il
n’est que le revirement final qui fasse osciller Sims parmi les flics.
De Toth, au
travers de ces différentes figures, construit alors un film dans une
veine réaliste (aux cotés de films comme Le Carrefour de la mort, Les Forbans de la nuit de J. Dassin ou Menace dans la nuit de J. Berry), loin des enluminures hollywoodiennes, s’attachant à des détails
triviaux, des intérieurs dénudés et une façon sèche de montrer les petits
truands de la rue et le quotidien des flics.
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