vendredi 24 août 2018

Une vie de chien (A Dog's Life de C. Chaplin, 1918)




Une vie de chien est un des derniers courts métrages de Chaplin – juste avant Charlot soldat, auquel succédera Le Kid. On y trouve la version aboutie de toutes ces années de courts-métrages à mettre au point son personnage. Charlot, en fait, y est en tout point semblable à celui qui sera au cœur des longs-métrages de Chaplin : SDF solitaire et culotté, qui ne demande qu’à s’intégrer mais n’y parvient jamais, avec sa préciosité décalée si drôle et, avec, bien sûr, déjà, cette sensibilité immense. C’est cette sensibilité que ne pouvait exploiter Chaplin dans la majorité de ses courts-métrages (davantage orientés, du coup, vers le burlesque), ce qui le frustrera beaucoup. Ici, pourtant, on voit Charlot se tourner vers un chien, présenté comme un compagnon d’infortune (avec un parallèle marqué entre la vie du chien et celle de Charlot) et, ensuite, porter secours à la chanteuse.
On retrouve donc le ferment des plus grandes œuvres de Chaplin qui continue d’affûter ses armes cinématographiques : on retrouve certains sketchs dans des longs-métrages, le chien qui accompagne Charlot annonce Le Kid et la chanteuse annonce les rencontres de Charlot, aussi bien dans Les Temps modernes que dans Les Lumières de la ville.


L’Amérique filmée par Chaplin est très dure : les clochards ne valent pas beaucoup plus que des chiens, et le film va juqu'à montrer  quand bien même c'est au travers d'un sketch  l’absence de solidarité entre pauvres (avec la scène du bureau de recherche d’emploi où tout le monde lui passe devant).

Il faut noter la fin étonnante, miraculeuse, complètement détachée du reste du récit et qui est peut-être onirique : on ne retrouvera jamais une telle fin dans les longs-métrages de Chaplin.

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