Très beau film
de Park Chan-wook, qui, d’ordinaire, ne fait pas dans la dentelle avec son
cinéma puissant mais insistant (d’où une filmographie inégale, de laquelle émerge bien
sûr Old Boy) et qui ne nous avait pas
habitués à évoluer dans un univers si maniéré (la belle demeure d’un richissime
collectionneur). Bien sûr, derrière l’ambiance feutrée et retenue, se cachent une
grande violence sociale, sexuelle et, finalement, bien des tourments (avec une séquence
de torture très Park Chan-wookienne pour le coup).
L’originalité de
Mademoiselle consiste en sa narration
très réussie : si le film est découpé en trois parties, elles ne sont pas
du tout chronologiques et la deuxième propose, pour une large part, le
contre-champ de la première. Sans que les images nous aient menti, nous sont
livrées après coup des explications de ce qui s’est réellement joué en début de
film (la première partie évoquant d’ailleurs La Servante de Kim Ki-young) : la jeune servante pensait participer
à une stratégie consistant à voler un héritage, en réalité elle n’est qu’un
pion dans une machination qui lui échappe. Le changement de point de vue amène donc
la compréhension, mais toutes les ficelles ne sont pas encore saisies par le
spectateur.
La troisième
partie, de façon surprenante mais très bien amenée, consacre la
victoire de la rencontre, de l’imprévu et finalement de l’amour, face à la machination.
Park Chan-wook s’amuse
avec de nombreuses images mentales, des relectures de séquences (la fausse
scène d’amour) et un poulpe épouvantablement visqueux, dans le terrible atelier
de reliure, qui évoque Old Boy et reprend aussi, de façon monstrueuse, l’estampe érotique d’Hokusaï (Le Rêve de la femme du pêcheur), vue
précédemment.
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