Très bon polar
de John Woo, qui incarne parfaitement le genre à Hong-Kong où les polars sont
des films d’action violents, rythmés et volontiers stylisés. Le film date de la
période hongkongaise de John Woo, quand il emplissait ses films d’une
incroyable énergie, énergie qu’il perdra en migrant à Hollywood, où son style
se verra standardisé et affadi.
Plus qu’une
simple opposition de truands et de policiers, le film travaille ses
figures : chacun des deux protagonistes (le tueur et le flic) est élevé au
rang d’une image, élevant très haut des valeurs anciennes. Chacun porte alors
en lui une forme de fatalité liée à ce qu’il est : le tueur,
ontologiquement, se sait condamné, quand le flic a lui une dimension
sacrificielle. Le film évoque alors beaucoup les polars noirs de Melville, avec cette
même solitude qui accable les personnages, cette même tristesse d’évoluer dans
un temps qui n’est pas le leur, cette nostalgie de codes anciens (le motif melvillien du Samouraï) ces mêmes amitiés viriles, cette même proximité
entre ennemis qui se comprennent et se respectent (motif que l’on retrouve par
exemple dans Heat de
M. Mann).
Mis en forme
avec le style électrique de John Woo, ces personnages s’affrontent, se tournent
autour, se toisent, entrent en résonance et dézinguent à tout va dans ce polar brillant où Chow Yun-fat gagne ses galons de superstar du cinéma de
Hong-Kong.
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