mardi 28 mai 2019

La Menace (A. Corneau, 1977)




Après le succès de Police Python 357, Alain Corneau récidive sans prendre de risque : il construit un film qui reprend plusieurs grandes lignes du film précédent. Et si La Menace a davantage vieilli que Police Python 357, il construit un bon déroulement intellectuel (malgré plusieurs incohérences).

Corneau se rapproche du film de référence du genre – L’Invraisemblable vérité de F. Lang – qui jouait déjà sur la construction de fausses preuves. Si l'oeuvre magistrale de Lang jouait sur de multiples rebondissements – jusqu’au fameux twist final – La Menace aurait peut-être gagné en tension dramatique avec une autre construction. En effet, Corneau s’en remet à la même recette que celle de son film précédent, en montrant au spectateur la réalité de ce qui s’est passé (le suicide de Dominique) et en laissant le personnage joué par Montand dans l'ignorance complète de ce qui a pu se passer. Le film aurait sans doute gagné en épaisseur si l’on n'avait pas eu connaissance du fin mot de l’histoire – en ne nous montrant pas le suicide – et en laissant le doute sur la culpabilité de Julie. Car Savin est forcément traversé par ce doute, quand bien même il met tout en œuvre pour disculper sa maîtresse.



Si Montand reste bon acteur, il est loin de son interprétation du flic de Police Python 357 et Carole Laure est particulièrement vide et froide (qu’elle résiste à un interrogatoire serré et n’avoue pas sa présence sur les lieux du crime semble assez peu crédible).

Mais l’idée finale – toujours dans la lignée du film de Lang – est bien trouvée (et on apprécie les silences de cette dernière partie, quasiment muette) puisqu’elle montre que le stratagème de Savin n’a que trop réussi : il a si bien travesti la réalité qu’il est réellement pris pour un meurtrier. Savin devient alors un personnage infiniment tragique s’il en est, puisqu’il endosse la culpabilité de sa maîtresse, maîtresse dont il ne peut être tout à fait sûr qu’elle est innocente.

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