Après un premier film étrange et qui fait feu de tout bois (l’étonnant
France société anonyme), Alain
Corneau entre dans le rang et réalise un film beaucoup plus conventionnel et
posé, qui mélange histoire d’amour et polar. Le jeu du triangle amoureux est parfaitement
construit avec l’inspecteur qui tombe amoureux de la maîtresse de son
commissaire. Mais l’un et l’autre l’ignorent et le commissaire, comprenant
qu’il est en train de perdre sa maîtresse, la tue et tous les indices amènent à
l’inspecteur. C’est d’ailleurs à partir du meurtre de la jeune femme que le
film prend son envol : la première demi-heure est trop académique et
plan-plan, mais, après ce démarrage en demi-teinte, le film est très prenant.
Corneau construit une atmosphère assez sombre et triste (désespérée, même, pour le personnage principal), il utilise parfaitement ses excellents interprètes (Yves Montand et François Perrier) et fait parfaitement monter la tension à mesure que le piège se resserre autour de l’inspecteur. Le voir éviter les témoins qui le reconnaissent est un excellent ressort scénaristique, qui évoque Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon de de E. Pétri, mais en utilisant ce jeu du chat et de la souris d’une tout autre manière. Ici l’inspecteur, dans une scène choc, ira jusqu’à se défigurer pour n’être pas reconnaissable.
Corneau construit une atmosphère assez sombre et triste (désespérée, même, pour le personnage principal), il utilise parfaitement ses excellents interprètes (Yves Montand et François Perrier) et fait parfaitement monter la tension à mesure que le piège se resserre autour de l’inspecteur. Le voir éviter les témoins qui le reconnaissent est un excellent ressort scénaristique, qui évoque Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon de de E. Pétri, mais en utilisant ce jeu du chat et de la souris d’une tout autre manière. Ici l’inspecteur, dans une scène choc, ira jusqu’à se défigurer pour n’être pas reconnaissable.
Corneau prend avec ce polar noir la succession de Melville, non pas
tant dans la forme (s’il est rigoureux et efficace, Corneau n’a pas
l’extraordinaire épure stylistique de Melville) que dans les personnages, qui
sont, comme chez son illustre aîné, des professionnels taiseux et solitaires,
en marge de la société. Montand joue d’ailleurs ici un flic qui aurait pu être
celui du Cercle rouge, quelques temps
avant de quitter la police. On retrouve ainsi cette image fascinante des
personnages brisés, aux regards absents, qui ont déjà tout perdu. Et Corneau emmène
ses personnages dans un Orléans vide et froid – qui évoque là aussi la
géométrie melvillienne – sur des tons d’abord gris puis de plus en plus sombres
(notamment lors de la séquence de l’auto-mutilation).
La toute fin, qui prend des allures d’inspecteur Harry sur le retour alors que l’intrigue est dénouée, déçoit un peu, d’autant plus qu’elle ne
semblait pas nécessaire.
Thank you for the article!
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