Sans être un
mauvais film, Ready Player One est
bien loin des meilleurs Spielberg. Le réalisateur se fait plaisir et construit
un univers tout entier dévoué au plaisir de l’évocation de l’enfance,
multipliant les citations (De Retour vers
le futur à King Kong en passant
par Jurassic Park et, bien entendu, Shinning, au travers duquel une clef de
l’énigme se révèle).
Mais le film
peine à tenir en haleine, notamment par ce va et vient trop simple entre
réel et virtuel. Spielberg délaisse toutes les imbrications – en soi passionnantes – entre le joueur et son personnage et délaisse la relation entre les enjeux du réel et leurs déclinaisons dans le virtuel ou entre les sensations du réel et leurs décalques dans le virtuel, etc. On est loin d’eXistenZ.
C'est ainsi que Ready Player One laisse de côté (ou ne
fait qu’effleurer) un thème qui apparaît pourtant, en creux, au cœur du
sujet : celui de la réalité de la vie d’un joueur. S’intéresser non pas aux
performances du personnage dans le jeu, mais à sa vie hors du jeu, dans ces
bidonvilles entassés, constitue un autre angle mort que n’aborde pas Spielberg (ou
qu’il ne fait qu’évoquer rapidement, mais de manière trop fugace).
Spielberg renoue
donc malheureusement avec des films de seconds rangs, bien faits mais trop
riches en bonnes intentions sucrées. On est loin de la sécheresse virtuose des
débuts ou de l’humeur sombre des années 2000.
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