samedi 10 octobre 2020

Slacker (R. Linklater, 1991)

 

Brillant film de Richard Linklaker qui déambule dans Austin, reprenant en quelque sorte la formule du Fantôme de la liberté : il glisse d’un groupe de personnages à un autre, tantôt les suivant le temps de traverser quelques rues, tantôt restant avec eux le temps d’une saynète. Dans la forme, le film, aux accents parfois un peu documentaires, évoque Jonas Mekas ou même Robert Altman (Nashville).
Linklater dresse ainsi un portrait de la ville, pris au fil de la journée, avec ses drames, ses mini-rencontres, ses moments perdus, ses hasards. Il choisit de restreindre son regard d’une part sur sa propre génération et d’autre part sur des petites gens, un peu en marge, un peu excentriques, formant une masse d’inconnus anonymes, ceux qui ne font rien (ou, pour reprendre un sarcasme célèbre, « ceux qui ne sont rien »), guettant le grain de folie – folie douce ou moins douce – tout autant que le moment trivial.
Cette marge, ici, est à mi-chemin entre la glande, la débrouillardise, la micro-activité, qui sont comme un pas de côté par rapport à l’Amérique, loin des représentations traditionnelles, le tout formant une espèce d’Americana un peu underground et contre-culturelle.
Deux grands motifs parcourent le film : l’un stylistique, avec de grands et longs travellings qui accompagnent les protagonistes, l’autre est la parole, très présente, avec toujours un personnage qui parle sans cesse, développant une théorie fumeuse, s’exclamant ou dissertant sur je-ne-sais-quoi.
S’il n’y a pas de jugement sur les actes (parfois tragiques) des uns et des autres, le réalisateur ne cache pas sa sympathie (au sens littéral du terme) : Linklater se positionne comme l'un des leurs (et il apparaît d’ailleurs dans un rôle).


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