mardi 10 novembre 2020

Docteur Jekyll et M. Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde de R. Mamoulian, 1931)

 

Magnifique adaptation du roman de Stevenson, sans doute la plus réussie parmi les nombreuses versions qui se sont succédé (1). Il exprime la volonté de la Paramount de s'immiscer dans la course à l'horreur et aux monstres, aux côté des Dracula, Frankenstein et autres Freaks.
Gothique à souhait – avec la très belle ouverture à l'orgue sur une figure de Bach – le film fait exploser à l'écran le style de Robert Mamoulian, depuis la première séquence en caméra subjective, jusqu'aux jeux de surimpressions magnifiques – lorsque Jekyll est hanté par la prostituée – en passant par les transformations de Jekyll en Hyde, dont la première, une séquence éblouissante. Mamoulian y intègre dans un plan séquence très mobile autour d'un miroir, pour jouer de la découverte, par Jekyll lui-même autant que par le spectateur, de sa transformation en Hyde.

La volonté d'innovation de Mamoulian se marie très bien avec l'histoire fameuse de cette dichotomie entre la vertu et le vice, dichotomie que le film mélange progressivement avec habileté. Frederic March, qui est alors une grande star montante, est remarquable dans ce rôle, davantage peut-être en jeune médecin brillant, élégant et sûr de lui qu'en immonde Hyde, face noire et repoussante de la même pièce. Son personnage, d'ailleurs, est habilement construit, puisque ses tentations adultérines le titillent très vite et Hyde n'est alors que l'expression d'une idée qui avait déjà germé en Jekyll. Cette idée, que l'on peut voir comme tout à fait monstrueuse, est aussi, plus prosaïquement, une expression de la liberté que la société claquemurée dans ses principes lui refuse. Et le carcan – religieux notamment – qui impose aux fiancées de se tenir à distance pendant fort longtemps est nettement suggéré comme des catalyseurs qui font monter la monstruosité en Jekyll et amèneront Hyde).




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(1) : On retiendra également celle de Victor Fleming, avec Spencer Tracy.


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