Le
western, genre devenu mineur depuis bien longtemps, semble aujourd’hui faire
constamment le grand écart entre des films assez confidentiels (Hostiles de Cooper ou les œuvres de Kelly Reichardt) et des films bas de gamme (Les Sept mercenaires de Fuqua), qui, eux, continuent de surfer sur la vague décidément
inépuisable du western italien.
The Salvation, malheureusement,
tient de cette seconde veine. C’est que le film est en même temps très
quelconque et très ambitieux par sa mise en scène et son esthétique. Il faut
dire que, après une première séquence cruelle et violente qui laisse le
spectateur en suspens (Jon, sa femme et son fils sont agressés dans une
diligence ; Jon parvient à tuer les agresseurs mais sans pouvoir sauver ses
proches), la séquence suivante achève le film : on voit surgir le grand
méchant tueur qui terrorise la population locale pour demander qu’on lui livre
celui qui a eu l’audace de tuer son frère. Toute la douleur sourde que Jon pouvait
ressentir est balayée : le film ne sera rien d’autre qu’une banale
histoire d’injustice, de vengeance et de domination d’une petite communauté par
une bande de tueurs, sur fond de spéculation immobilière autour du pétrole. Bien
entendu jamais on ne doute que Jon tuera toute la bande.
Kristian
Levring fait un bond de cinquante ans en arrière et nous ramène au cinéma
d’exploitation spaghetti le plus éculé, filmant la violence sans raconter
grand-chose, tout en lorgnant du côté d’Il était une fois dans l’Ouest, de Django
ou de Keoma. On retrouve donc une esthétique moderne et devenue parfaitement banale. Les restes calcinés de la ville (qui font une image étonnante à l'écran) sont une métaphore involontaire mais puissante de The Salvation : du western, Levring reprend les principaux codes du genre, mais, autour de cette charpente, il ne construit rien et ne raconte rien, tout reste superficiel et creux. The Salvation est ainsi une
baudruche qui reste en suspens dix minutes avant de se dégonfler pesamment,
s’en remettant à un maniérisme léonien banal.
Mads
Mikkelsen, qui campe le fermier ancien soldat qui règle les comptes, a le calibre
pour construire des personnages à la fois mutiques et complexes, mais le rôle
vide que lui propose le film le coince dans une partition faiblarde.
C’est
bien dommage pour le genre qui a décidément bien du mal à se remettre du
déferlement de Sergio Leone. En délaissant le fond au seul profit de la forme, le
réalisateur star italien a dévitalisé jusqu’à l’agonie le western. De l’immense
fleuve que fut le western, il n'en reste qu’un étiage mince, même s’il
continue, vaille que vaille, d’être alimenté. Mais ce ne sont certes pas des
films comme The Salvation qui vont le
renflouer…
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