Le film a rencontré un grand succès et
Christopher Nolan a reçu mille éloges à son propos. Nolan, nous expliquait-on, ne prend
pas les spectateurs pour des imbéciles en leur soumettant un film complexe. Et
on trouve sur internet mille sites dédiés qui cherchent à interpréter le film
et tentent de comprendre le totem de tel ou tel personnage et cherchent à
démêler le rêve de la réalité (grande question s'il en est : la petite toupie
oscille-t-elle à la fin ? Ah mais oui, la toupie n'est pas le totem de Cobb,
c'est son alliance !, etc.).
Il est vrai que le scénario est
intéressant et qu’il est assez alambiqué. L’idée des différents niveaux de
rêves avec des temps dilatés est très bonne. L’action est bien tenue (quelques
séquences sont très réussies) et Leonardo Di Caprio continue de se bonifier film après
film (même si son personnage peut provoquer quelques réminiscences : il
a beaucoup de points communs avec celui incarné par le même Di Caprio dans Shutter Island, sorti peu de temps avant).
La petite troupe emmenée par Cobb ressemble un peu à celle de Tom Cruise et sa
bande dans Mission Impossible mais on
se laisse embarquer par l’histoire (la séquence d’action qui ouvre le film est impeccable).
En passant Nolan
distille de nombreuses références : de 2001 à Matrix, en passant par le film d’animation Paprika à qui il reprend l’idée de s’introduire
dans les rêves d’un autre, etc.
En revanche, et c’est là que le film est décevant, ce n’est qu’un film de scénario. C’est-à-dire que le principe intéressant
du film (et qui est à l’origine des nombreuses interprétations) consiste à
naviguer entre rêve et réalité mais, malheureusement, Nolan ne joue pas avec
cette différence dans les images qu’ils proposent. Les « architectes »
font bien des décors (et cela nous vaut quelques scènes amusantes) mais il n’y
a pas de manipulations d’images. On sait bien que Lynch,
Kubrick, Tarkovski ou Fellini – pour citer quelques grands faiseurs d’images – ne filmeraient pas
de la même façon le rêve et la réalité. Ils y distilleraient une part
d’étrangeté, de malaise, de bizarrerie dans l’image elle-même. De même Polanski, Roeg, Cronenberg, Herzog, De Palma, Jodorowski. Mais pas Nolan. Et ce sont les rebondissements du scénario qui proposent de l’illogique (un
train qui déboule tout à coup) mais ce n’est pas l’image en tant que telle,
Nolan « n'en profite pas ». Pas de nains étranges comme dans Solaris, pas d’iguane bizarre qui
traverse l’écran comme dans Snake eyes.
Qu'on pense aussi à Shining, à Répulsion ou encore à eXistenZ et l'on comprend combien l'image peut dépasser la narration et devenir une expression par elle-même.
Dès lors le mélange intéressant réalité/rêve/souvenir a uniquement ici un but narratif. D'ailleurs le scénario s'ingénie à rendre service au réalisateur puisque, dans Inception, il faut que le rêve ressemble à la réalité. C’est ainsi que Nolan est décidément un très bon narrateur mais ce n’est pas un créateur d’images.
Dès lors le mélange intéressant réalité/rêve/souvenir a uniquement ici un but narratif. D'ailleurs le scénario s'ingénie à rendre service au réalisateur puisque, dans Inception, il faut que le rêve ressemble à la réalité. C’est ainsi que Nolan est décidément un très bon narrateur mais ce n’est pas un créateur d’images.
Dès lors il n’y a pas
d’émotion cinématographique, il y a juste une histoire, par ailleurs plutôt plaisante à suivre. On peut se dire
que Nolan a juste voulu faire un bon divertissement et s'en contenter. Mais
avec un scénario pareil il y avait pourtant de quoi faire. Alors on se laisse prendre
par les péripéties qui sont racontées de façon efficace
mais décidément trop lisse, trop hollywoodienne : c'est un bon film
d'action, voilà tout.
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