Dégoûté par le traitement réservé par les producteurs à son dernier
film L’Arrangement (dont il n’a pas
maîtrisé le montage final), Elia Kazan tourne le dos à Hollywood, prend avec
lui une caméra de 16 mm, quelques techniciens et acteurs et file à l’autre bout
du pays, dans sa propre demeure. Là il y a tourne, avec trois francs six sous,
en complète rupture stylistique, un film à la fois intimiste et violent, comme
un coup de poing envoyé à la face de l’Amérique.
Il s’agit rien de moins que du premier film sur le traumatisme du
Vietnam. Avec des gros grains de la pellicule, des aplats noirs qui
emplissent progressivement l’écran, des gros plans incessants sur
l’instable Mike (excellent Steve Railsback, qui est rapidement effrayant), des prises de vue au ras du sol, ou encore la neige qui isole la maison et
transforme le film en un huis-clos oppressant, Kazan scrute les failles
irréversibles provoquées par le conflit dans la société américaine. Les déceptions
du passé (le père qui vit dans la guerre du Pacifique et reproche sa
pusillanimité à son beau-fils) et les déchirures présentes (la dénonciation de
Mike et Tony par Bill) dressent un portrait de l’Amérique très sombre. Les
jeunes adultes confrontés au Vietnam sont devenus monstrueux, traumatisés,
inadaptés.
On retrouve ici la thématique de la confrontation à la Frontière qui, bien loin de régénérer, détruit. De Voyage au bout de l’enfer à Rambo – pour citer des films très différents – ce discours sur la guerre sera repris. La mise en scène oppressante conduit le film vers un dénouement tragique qui semble inéluctable, renforçant le regard sur les deux jeunes brisés par ce qu’ils ont connu au Vietnam.
Kazan exorcise ici ses propres démons – il avait dénoncé des acteurs communistes pendant la chasse aux sorcières des années 50 – et met sans doute beaucoup de lui dans Bill, coincé dans ses contradictions, entre la dénonciation d’un crime et la trahison envers ses amis. Cette attitude rejoint ce que Kazan disait de sa propre attitude pendant le maccarthysme : s’il dit avoir agi par conviction, il n’en a pas moins brisé des vies et des carrières. Le jeu de James Wood (dont c'est le premier rôle) exprime très bien cette tension qui écartèle le personnage, à la fois persuadé qu’il ne pouvait pas faire autrement et rongé d’une culpabilité mordante.
On retrouve ici la thématique de la confrontation à la Frontière qui, bien loin de régénérer, détruit. De Voyage au bout de l’enfer à Rambo – pour citer des films très différents – ce discours sur la guerre sera repris. La mise en scène oppressante conduit le film vers un dénouement tragique qui semble inéluctable, renforçant le regard sur les deux jeunes brisés par ce qu’ils ont connu au Vietnam.
Kazan exorcise ici ses propres démons – il avait dénoncé des acteurs communistes pendant la chasse aux sorcières des années 50 – et met sans doute beaucoup de lui dans Bill, coincé dans ses contradictions, entre la dénonciation d’un crime et la trahison envers ses amis. Cette attitude rejoint ce que Kazan disait de sa propre attitude pendant le maccarthysme : s’il dit avoir agi par conviction, il n’en a pas moins brisé des vies et des carrières. Le jeu de James Wood (dont c'est le premier rôle) exprime très bien cette tension qui écartèle le personnage, à la fois persuadé qu’il ne pouvait pas faire autrement et rongé d’une culpabilité mordante.
Le film, enfin, est à la croisée des chemins : si le thème de
l’intrusion évoque par exemple Les Chiens
de paille de S. Peckinpah, sa mise en scène oppressante emmène le film vers
le film d’horreur et sera reprise aussi bien du côté de W. Craven (La Dernière maison sur la gauche) que de M. Haneke (le début de Funny Games).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire