Éblouissant
voyage dans le rêve et la mémoire, lent, calme, d’une beauté parfois fulgurante,
Un grand voyage vers la nuit, autant
de par son thème central (le souvenir) que par sa richesse visuelle, évoque à
la fois l’univers de Tarkovski (on pense au Miroir,
à Stalker, à Nosthalgia) et celui de Wong-Kar-Wai, avec des couleurs un peu
passées et douces qui renvoient à la beauté de Happy Together, Nos années
sauvages ou In the mood for Love.
On se perd à suivre
la quête incertaine et labyrinthique de Hongwu, mélangeant des images
familières, des incongruités, des déformations liées à son souvenir, des
perceptions douces ou étranges, et ce mélange de rêve et de réalité, de passé
et de présent renvoie directement à l’univers de David Lynch et même à Vertigo, avec ce mélange de fantasmes construits
autour d’une réalité incertaine.
Bi Gan, délaissant complètement les mises en scène habituelles des films noirs énigmatiques, construit
une première partie toute en flash-backs, avant d’offrir une seconde partie qui
est un gigantesque plan-séquence. Ce n’est pas tant une démonstration de
virtuosité que la mise en forme d’une poésie visuelle hypnotique, envoûtante et
lyrique, de même que le jeu avec les lunettes 3D : la manière de filmer
constitue le discours de Bi Gan.
Comme pour d’autres
grands films énigmatiques et incertains, revoir Un grand voyage vers la nuit permet de voir autrement, autre chose,
et de se laisser happer davantage encore.
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