vendredi 14 août 2020

Un grand voyage vers la nuit (Dìqiú zuìhòu de yèwǎn de Bi Gan, 2018)




Éblouissant voyage dans le rêve et la mémoire, lent, calme, d’une beauté parfois fulgurante, Un grand voyage vers la nuit, autant de par son thème central (le souvenir) que par sa richesse visuelle, évoque à la fois l’univers de Tarkovski (on pense au Miroir, à Stalker, à Nosthalgia) et celui de Wong-Kar-Wai, avec des couleurs un peu passées et douces qui renvoient à la beauté de Happy Together, Nos années sauvages ou In the mood for Love.
On se perd à suivre la quête incertaine et labyrinthique de Hongwu, mélangeant des images familières, des incongruités, des déformations liées à son souvenir, des perceptions douces ou étranges, et ce mélange de rêve et de réalité, de passé et de présent renvoie directement à l’univers de David Lynch et même à Vertigo, avec ce mélange de fantasmes construits autour d’une réalité incertaine.


Bi Gan, délaissant complètement les mises en scène habituelles des films noirs énigmatiques, construit une première partie toute en flash-backs, avant d’offrir une seconde partie qui est un gigantesque plan-séquence. Ce n’est pas tant une démonstration de virtuosité que la mise en forme d’une poésie visuelle hypnotique, envoûtante et lyrique, de même que le jeu avec les lunettes 3D : la manière de filmer constitue le discours de Bi Gan.


Comme pour d’autres grands films énigmatiques et incertains, revoir Un grand voyage vers la nuit permet de voir autrement, autre chose, et de se laisser happer davantage encore.


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