Grande comédie
italienne de Pietro Germi, Divorce à
l’italienne a la force du mélange entre des situations et des personnages drolatiques
et un regard sur l’Italie (ici sur la Sicile) et sa pauvreté. Sans qu’elle soit
au cœur même du propos (moins que dans Le Pigeon par exemple), Germi montre cette pauvreté : les paysages sont
désertiques, les rues sont jonchées de ruines, les maisons sont délabrées, et
même le palais du baron est décrépi, loin des splendeurs passées.
Marcello
Mastroianni joue parfaitement ce baron mal marié, gominé, moustache tombante,
fume-cigarette au coin des lèvres, tic persistant, bien loin de son image de
séducteur. Germi d’ailleurs s’amuse bien en montrant Mastroianni qui va au
cinéma voir la Dolce Vita… Et ce
baron fantasme sur sa jeune cousine et imagine peu à peu comment se débarrasser
de sa femme. La solution sera trouvée – savoureuse astuce scénaristique – en s’arcboutant
sur les mœurs siciliennes (se faire déshonorer pour pouvoir, ensuite, recouvrer
son honneur).
Le jeu de voix
off, les images mentales (le baron qui lit dans le journal les exploits de
Spoutnik et imagine aussitôt sa femme emportée au loin dans une fusée spatiale !)
ou encore l’utilisation de l’espace (les nombreuses pièces du palais, la large
rue où l’on se montre) sont remarquables et savoureux. Bien sûr les Siciliens
eux-mêmes en prennent pour leur grade, entre le prétendant ahuri, les colères de la
belle-famille, les ragots de la place du village et, bien sûr, ces jeux de
codes d’honneur, peu à peu au cœur du film. Et la fin, avec ce qu’il faut de provocation,
est parfaite.
On trouve des
thèmes chers au réalisateur et que l’on retrouvera dans Séduite et abandonnée : l’importance de la position sociale,
le regard des autres sur la place publique, l’honneur qu’il faut à tout prix
sauver, la loi qu’il faut exploiter pour arriver à ses fins et, chapeautant le
tout, ces changements d’humeur entre coups de gueule et hypocrisie du paraître,
qui donnent une force comique redoutable.
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