John Woo, avant
de devenir un transfuge hasardeux à Hollywood, était le chef de file des
cinéastes hongkongais spécialisés dans les films de gangsters violents et
rythmés. Le Syndicat du crime est
l’un de ses films les plus célèbres : Woo y installe de nombreux codes du
genre qui feront florès.
Si le film est construit sur la trame classique des frères ennemis – un frère flic et l’autre mafieux – c’est bien sûr son style et son parti-pris esthétique que l’on retient.
Si le film est construit sur la trame classique des frères ennemis – un frère flic et l’autre mafieux – c’est bien sûr son style et son parti-pris esthétique que l’on retient.
Très maniériste,
la mise en scène se délecte des scènes de combats où les uns et les autres
(policiers contre gangsters ou gangsters entre eux) vident chargeurs sur
chargeurs. John Woo prépare longuement ces moments d’explosion de violence puis
il s’en donne à cœur joie : il multiplie les ralentis, les jeux de
miroirs, les instants captés hors de l’action (un regard, un geste, un pigeon
qui se pose) avant de reprendre son rythme effréné et de déchaîner la violence.
Parfois, alors qu’il retient ses coups, les personnages se toisent, échangent
un regard ou un mouvement coordonné, comme dans un duel de western : cela
évoque le moment où tout est en suspens dans la séquence finale de La Horde sauvage – moment où tout est
encore possible – avant qu’un détail ne la fasse basculer dans la violence.
Les corps sont criblés
de balles, ils sont projetés sous les impacts, le sang éclabousse les murs, encore
et encore. Bien entendu Woo laisse le réalisme de côté et il construit des
motifs, par exemple les multiples impacts qui déchiquètent les corps ou encore
cette façon qu’ont les tireurs, les bras tendus et un pistolet dans chaque
main, de vider leurs chargeurs à tout-va.
Par définition
John Woo en fait trop. Mais ce too much
donne un style au film et, surtout, il est une façon de faire surgir le trop
plein d’énergie des personnages. La narration, bien sûr, en prend un coup et
raconte peu de choses, mais l’on reste toujours dans des motifs venus tout
droit de Melville : celui des amitiés viriles, des codes d’honneur, des
dettes qui se paieront.
John Woo
emprunte à Hollywood (il n’y a qu’à voir Chow Yun-fat – qui deviendra l’acteur fétiche de Woo et sera
bientôt la superstar de Hong-Kong – mâchonner une cigarette comme Sterling
Hayden dans Chasse au gang) et le lui
rendra bientôt : Tarantino reprendra ce style tout en éclaboussures et en
exagérations dans maintes scènes d’action.
Et John Woo,
fort de son succès, reprendra son style et son acteur fétiche dans d’autres
films du même acabit : Le Syndicat du crime 2, A toute épreuve et, surtout, The Killer.
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