Très intéressant film de Dino Risi qui
utilise avec intelligence un scénario très bien vu pour planter sa caméra droit
dans les yeux des Italiens et leur parler du lourd passé de la montée du
fascisme. On admire l’habileté de Risi à traiter ce sujet difficile sans
manichéisme ni facilité.
Le film bénéficie des grandes
compositions de Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi qui campent deux personnages pauvres,
lâches et volontiers pitoyables qui se trouvent pris dans l’engrenage des
chemises noires, engrenage dont ils auront bien du mal à s’extirper. Mais leur
zèle empli d’obséquiosité aura fait des dégâts.
Cet angle de vue est très
porteur : il montre à la fois combien le fascisme a su attirer à lui les
Italiens, combien il fut tentant et, aussi, combien les Italiens y virent des
promesses qui les tentèrent. Mais il montre en même temps les Italiens
simplets qui ne résistent guère et se posent peu de questions. Même si Umberto,
le plus benêt pourtant des deux compères, reste lucide et liste, au fur et à
mesure, les promesses non tenues des fascistes, tandis que Domenico, qui refuse
de voir les choses en face, reste sourd et aveugle très longtemps. L’image
finale, très intelligente, montre l’ampleur de la tragédie qui se joue.