jeudi 27 février 2025

Notre-Dame brûle (J.- J. Annaud, 2022)

 



Fiction en forme de documentaire sur l’incendie de Notre-Dame qui permet à Jean-Jacques Annaud de se pencher sur le catastrophique incendie et de filmer à nouveau des lieux saints, vieille passion chez lui (et exprimée, déjà, bien sûr, dans Le Nom de la rose).
Mais, si l’on ne doute pas de la prouesse technique imposée par le film et de l’inventivité qu’il a fallu déployer (en allant tourner, notamment, telle ou telle séquence dans d’autres nefs de grandes cathédrales françaises), l’ensemble n’apporte pas beaucoup plus qu’une illustration de ce qui s’est passé ce soir-là, avec les coups de malchance, les retards pris, les pompiers qui font ce qu’ils peuvent, la peur de perdre bien davantage que la charpente et les voûtes et, finalement, le miracle de sauver l’essentiel de la structure.
Cela dit, bien entendu, quand bien même Notre-Dame brûle a une dimension de fiction, il devient immédiatement, de façon performative, un témoignage qui, permet de se souvenir et de se rendre compte.



lundi 24 février 2025

Le Gang (J. Deray, 1977)





Polar sans grande saveur avec Delon en chef de bande. Le Gang fait partie de tous ces polars que tournera bientôt régulièrement Delon, tantôt du côté du flic, tantôt de celui du braqueur, et dont bien peu sortent du lot. Celui-ci se perd dans la masse : Jacques Deray suit les règles du genre, et l’on suit les casses, les fusillades et les moments de répit, tout en mettant Delon en valeur.
Evidemment, comme si souvent avec Delon, son personnage finit tragiquement et, finalement, on ne retient du film que son improbable perruque dont il affuble son personnage. Mais Delon pensait que son personnage de fou furieux le serait plus encore avec cette dégaine qui lui va si mal. Voilà une bien piètre inspiration de l’acteur dont la carrière va alors suivre une pente bien glissante : c’est à partir de ce film que ses rôles seront de plus en plus fades dans des réalisations toujours plus lisses et sans saveur.


samedi 22 février 2025

IP5 : L'Île aux pachydermes (J.- J. Beineix, 1992)

 



Film bien décevant, sans saveur, empli de situations auxquelles on ne croit guère et de personnages insipides. Mais Jean-Jacques Beineix, qui aura peu tourné, semble avoir perdu son coup de patte cinématographique, jadis capable de capter l’énergie et la puissance des choses (qu’on se rappelle 37°2 le matin). Mais, ici, il n’y a rien d’autre à l’image que cette histoire un peu abracadabrante, autour de personnages fades.
Même l’ami Montand, dont c’est le dernier rôle, doit composer avec un rôle de clochard idéaliste qu’il a bien du mal à épaissir. On est bien désolé de le voir finir sur un film aussi terne et artificiel.

 

jeudi 20 février 2025

8 Millimètres (J. Schumacher, 1999)

 



Thriller qui joue sur le sulfureux et le glauque, 8 Millimètres déçoit quelque peu. Joel Schumacher filme sans grand relief, s’appuyant sur son scénario et sur son acteur star (Nicolas Cage, assez à l’aise, bien secondé par Joaquin Phoenix).
Mais l’ensemble est assez poussif et cette plongée dans le monde de la nuit le plus glauque n’est guère convaincante. Et – en plus d’une certaine complaisance avec les monstruosités évoquées – la morale est on ne peut plus discutable puisque le détective vengera in fine la mère dont la fille a été tuée : terminer un film en considérant que la vengeance apaise est tout de même d’une naïveté très racoleuse.


lundi 17 février 2025

Horizon : Une saga américaine, chapitre 1 (Horizon: An American Saga – Chapter 1 de K. Costner, 2024)

 



Dans cette longue fresque (dont il ne s’agit que d’une première partie), Kevin Costner retrouve le ton épique des westerns classiques et il en revient à un regard fordien qui capte les grands moments de la constitution de l’Amérique au XIXème siècle.
Il suit différents personnages dans des séquences classiques : le convoi de chariots, les tueurs organisés autour d’une fratrie violente, la prostituée au grand cœur, les éleveurs de bétails, les villes de bois accrochées à un flan de la montagne. Si les variations sont ténues, elles viennent donner une singularité à ces moments conventionnels (le couple de citadins qui n’a pas du tout l’esprit pionnier et qui jure au milieu du convoi).
Le film manque peut-être d’originalité et quelques séquences s’étirent un peu mais il ne manque pas d’ampleur, les personnages sont bien campés et l’on se retrouve plongé avec plaisir dans ce mythe moderne (et filmé comme tel depuis les débuts du cinéma) de la conquête de l’Ouest.



vendredi 14 février 2025

Vivre pour survivre (J.- M. Pallardy, 1984)

 



Vivre pour survivre
 est un exemple de film de série Z qui a acquis un certain renom parmi les amateurs de nanards. Il ne s’agit pas, bien entendu, de regarder ce film au premier degré : sa nullité abyssale ne peut être supportée que par un recul au second ou au troisième degré (et encore).
On ne s’attardera donc pas sur le scénario éprouvant (avec un clin d’œil à Vertigo si l’on veut adopter un regard de cinéphile, ce qui n’a pas lieu d’être ici), les acteurs mal dirigés, les effets de mise en scène ridicules, le montage ou les effets spéciaux qui flirtent avec l’amateurisme le plus cheap, le tout enveloppé dans une ambiance caricaturale. On se demande un peu comment ce film n’est pas tombé dans l’oubli et continue d’être regardé (et apprécié !) par certains amateurs.


mardi 11 février 2025

Frozen River (C. Hunt, 2008)





Courtney Hunt rate un peu le coche, dans ce drame finalement peu prenant et sans doute trop convenu.
Le rythme lent cherche à fixer à l'image une Amérique qui rame et où les personnages font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir, entre la vie dans des mobile-homes vieillots ou dans des caravanes, les voitures délabrées, les boulots difficiles (quand seulement il y en a), sans le sou, sans grand espoir. Ce qui occupe le cadre, c’est l’Amérique hors-champ, celle délaissée bien souvent par Hollywood et son clinquant (mais, quand même davantage filmée depuis le Nouvel Hollywood : il devient assez banal de montrer ce que beaucoup ont déjà montré).
Hunt s’applique à voir les choses avec une volonté de réalisme, prenant le temps de suivre ses héroïnes marcher dans la neige, disparaître sur le lac gelé, s’affaler dans un canapé crasseux, à bout de souffle.
Mais, passé cette application à montrer les choses, cette histoire de deux femmes d’abord opposées, ensuite associées par la force des choses et qui, finalement, se sacrifient l’une pour l’autre, est peut-être un peu trop misérabiliste et trop forcée. La seule touche d’espoir, finalement, ne viendra que d’elles-mêmes et de leur relation, mais jamais de ce monde extérieur montré comme impitoyable (le mari est absent et il dilapide les maigres économies familiales, le chef de service est caricatural, etc.).

 

samedi 8 février 2025

Splendor (E. Scola, 1989)

 



Approchant de la soixantaine et après plus de trente ans derrière la caméra, Ettore Scola propose avec Splendor un film hommage au cinéma – cinéma en tant qu’œuvre et en tant que milieu de rencontre entre spectateurs et films – avec cette évocation un peu triste et nostalgique d’une salle qui, après tant d’années, va fermer.
Si les flash-backs ne sont pas toujours très harmonieux, le film distille en revanche une réelle nostalgie du cinéma d’avant et il cite une multitude de films, depuis Les Fraises sauvages à La Nuit américaine en passant par La Grande Guerre avec, au cœur de ces évocations, La Vie est belle, dont la fameuse séquence montrée (James Stewart courant fou de joie dans la neige) participera du miracle final, dans une très jolie scène.
Il est difficile de ne pas penser à Cinéma Paradiso, sorti l’année précédente, et qui joue aussi de la même nostalgie. Et, même si le film de Tornatore n’est pas sans défaut, on se souvient de sa fameuse dernière séquence – avec les baisers collés bout à bout. Il est saisissant de voir combien deux films sur le même thème mais jouant d’une approche un peu différente finissent, l’un et l’autre, par une irruption puissante du cinéma face aux personnages, comme autant de miracles (les baisers coupés enfin dévoilés pour l’un ; les spectateurs qui affluent sous la neige chez l’autre).

 

mercredi 5 février 2025

Échec au porteur (G. Grangier, 1958)

 



Film très (trop) conventionnel de Gilles Grangier, dont le ressort est assez faible (l’idée du ballon échangé par deux gamins est peu convaincante). Les personnages restent très simplistes (les trafiquants sont terriblement caricaturaux sans parler du tueur campé par Reggie Nalder). Reste le plaisir des acteurs, Paul Meurisse en tête (le rôle de commissaire lui va très bien), qui donne un certain charme, néanmoins, à ce petit polar.


samedi 1 février 2025

Les Tueurs de San Francisco (Once a Thief de R. Nelson, 1965)

 



Splendide polar noir de Ralph Nelson qui démarre tambour battant, piège volontiers le spectateur et l’entraîne dans un mélange entre polar urbain et film noir, où un tueur repenti est peu à peu entrainé par un destin qui le dépasse. La photographie splendide donne un brillant magnifique à ce jeu du chat et de la souris entre flics et malfrats.
L’ouverture du film est exceptionnelle : un générique endiablé, un braquage, un meurtre et toute l’intrigue est lancée.
Et, bien entendu, le film offre le grand plaisir de voir Alain Delon face au magnétique Jack Palance et au toujours très juste Van Helfin.