
Septième
opus d’une série désormais bien rodée, ce Mission
impossible ne peut guère surprendre. Comme la recette ne change pas d’un
film à l’autre, on sent bien que celui qui a aimé les précédents films aimera
celui-ci et que celui qui n’a pas supporté les précédents ne supportera pas
celui-ci non plus. A l'image de sa star dont la plastique et le punch restent inchangés, la série se maintient.
Il y a bien quelques scènes d'action parfois trop longues, mais le climax final dans le train – comme un écho au premier épisode de la série – est très réussi.
Bien
entendu il s’agit de rien de plus que d’un film calibré pour cartonner à
l’international. Mais le film n’est rien de moins non plus : il faut
admettre que la série ne sombre pas, au fil des épisodes, et se maintient. Tom
Cruise fait le job avec énergie et efficacité et ses acolytes forment une
équipe consolidée au fil des épisodes.
On
se demande cependant, de plus en plus, si les spectateurs ne trouvent pas dans
Ethan Hunt un succédané à James Bond, ce héros de cinéma quelque peu dévitalisé
ces dernières années (en particulier dans les films où il est interprété par
Daniel Craig). Hunt, lui, on l'a dit, ne change guère, il s’est même raffermi, laissant de
côté ses déboires sentimentaux (tout l’inverse de James Bond) et surfe toujours
plus sur les gadgets high-techs, autrefois chasse gardée de 007. Bien sûr Hunt n’a pas l’enrobage de Bond (pas de cocktail, pas de séduction, pas de
mondanités décontractées), mais il se peut néanmoins que les spectateurs
célèbrent d’autant plus ses folles équipées qu’il est désormais le seul
héros agent secret à tenir encore la barre.
Le principal intérêt de ce film guère
convaincant de John Favreau est qu’il met en scène un chef cuisinier de sorte
que, à plusieurs reprises, la nourriture est le sujet du film, ce qui est assez
rare dans le cinéma américain.
Mais le scénario cousu
de fil blanc et l’interprétation assez laborieuse de Favreau lui-même
ramollissent le film et le rendent tout à fait fade. De sorte que
même s’il se paye le luxe de voir de petits rôles portés par des acteurs de
renom (on croise Dustin Hoffman, Scarlett Johansson ou Robert Downey Jr), Chef s’oublie
assez vite.
On notera, cela dit, le
parcours étrange du chef cuisinier héros du film : alors qu’il dirigeait
la cuisine d’un grand restaurant français de Los Angeles, il finit en sillonnant
les routes dans un food truck, où il prépare des sandwichs et autres tacos. On
ne saurait mieux résumer, finalement, le rapport des américains à la
nourriture.
Si
l’on suit Yi Yi sans déplaisir, le
film, malgré bien des tentatives, ne procure guère d’émotion.
Yi Yi ne manque
pourtant pas d’ambition et Edward Yang filme avec beaucoup de proximité et
d’attachement ses personnages. Et l’idée de capter trois moments de la vie comme
si les trois personnages n’en étaient qu’un, saisi à différents âges, est très
bien vu.
Mais,
derrière les qualités indéniables du film, il manque peut-être un lyrisme ou un
sens de l’épique qui donnerait à cette triple vue d’une chronique familiale
plus d’accroche pour la sortir des poncifs dans lesquels elle reste quelque
peu.