lundi 15 novembre 2021

Retour à la vie (A. Cayatte, H.- G. Clouzot, G. Lampin, J. Dréville, 1949)





En s’appuyant sur un thème classique (le retour au pays de soldats après des années d’absence), ce film à sketchs montre une unité assez remarquable, tout en parvenant à traiter des situations différentes et des tons différents. Les deux premiers sketchs (respectivement de André Cayatte et Henri-George Clouzot) sont les plus réussis : ils donnent un regard très sombre sur ce retour au pays.
Le Retour de Tante Emma
montre la violence du retour dans la famille, où bien loin de l’enfer des camps, les petits arrangements de ceux qui sont restés à l’arrière priment. Le propos se fait ici très violent.
Le Retour d’Antoine, dans la pension de famille, montre l’humanité profonde brisée et défaillante, avec cette hésitation entre la vengeance et la volonté de n’être pas comme les bourreaux. En quelques minutes des portraits puissants sont brossés, des relations de famille pleines de jalousie ou de rancœur sont dessinées, avec une profondeur et un universalisme très balzaciens.


 

vendredi 12 novembre 2021

L'Héritière (The Heiress de W. Wyler, 1949)





Dans ce grand film classique, William Wyler parvient très bien à construire son intrigue et, bien plus, à épaissir son personnage principal, Catherine Sloper qui subit pendant longtemps – à l’instar du spectateur – les contraintes sociales puissantes qui la conduisent à être écartelée entre son père et son attrait pour Morris Townsend.
Le casting du film est une très grande réussite puisque derrière une Olivia de Havilland parfaite (son jeu accompagne l’évolution du personnage qui change considérablement au cours du film), il associe Ralph Richardson dans le rôle du père (qui lui donne une image dure et que l’on pense longtemps trop sévère) et Montgomery Clift, encore jeune mais déjà consacré à Hollywood : celui-ci, avec son jeu si fin, maintient parfaitement l’incertitude du spectateur, qui le croit sincère, et ne cesse d’en douter malgré les évènements. Aujourd’hui, maintenant qu’il est un acteur tout à fait légendaire, ce choix de Montgomery Clift renforce considérablement cette incertitude et les soupçons qui pèsent sur son personnage
.



mercredi 10 novembre 2021

Fury (D. Ayer, 2014)





Film de guerre assez conventionnel qui reste trop classique pour passionner réellement. L’on a ainsi droit à une énième version du jeune naïf qui débarque en plein cœur de la guerre et qui va subir une initiation brève mais violente, après laquelle il sortira à demi-endurci et à demi-hébété.
David Ayer reprend le rythme trépidant et happant de End of Watch et trouve un ton sec et brutal qui retranscrit l’engagement des soldats pris de plein fouet dans un entonnoir de violence. Mais, même si l’idée d’enfermer les soldats dans un char est très intéressante, elle ne produit pas le même effet d’enfermement que dans un sous-marin par exemple (voir l’excellent Das Boot).

On s’amusera de voir Brad Pitt jouer le sergent dur à cuire et il faut dire que la modernité des effets spéciaux rend les combats de chars plus vrais que nature (rejoignant ainsi les combats aériens de Midway par exemple), mais, pour le reste, l’on oublie assez vite ce film de guerre qui se veut un film choc, mais qui manque de souffle (on est loin de la puissance délirante de Requiem pour un massacre).



 

lundi 8 novembre 2021

Le Quatrième Homme (Kansas City Confidential de P. Karlson, 1952)





Brillant film noir qui prend immédiatement le spectateur à la gorge avec son rythme haletant, son scénario aux multiples rebondissements et ses figures du genre qui se multiplient à l’écran (le casse, les bad guys recrutés, le brave gars tabassé par les flics, etc.). Et, autour du très bon John Payne, on trouve, pour notre plus grand plaisir, les légendaires trognes de Jack Elam et Lee Van Cleef.
Phil Karlson, conservant son style sec et nerveux jusqu'au bout, ne relâche pas son étreinte et vient enfermer tout son petit monde dans un motel au bord d'un lac, resserrant son intrigue vers un dénouement aussi réussi que surprenant.




samedi 6 novembre 2021

Madeleine, zéro de conduite (Maddalena… zero in condotta de V. De Sica, 1940)

 



Amusante et légère comédie de Vittorio De Sica qui contraste avec l’image habituelle du réalisateur, souvent indissociable des drames du néoréalisme.
Ici non seulement le ton est léger, mais le scénario est une sorte de rêve (puisque Elisa, qui écrit des lettres amoureuses à une personne qui n’existe pas, voit débarquer cette personne, bien réelle, et tomber amoureuse de ces lettres enflammées). Il y a une dimension de conte de fée dans le film, qui contraste avec la terrible période de l’Italie au cœur de la guerre.

Rythmée par des quiproquos, cette comédie, certes superficielle, fait planer un ton de fraicheur sur des temps bien sombres.







jeudi 4 novembre 2021

Le Corps de mon ennemi (H. Verneuil, 1976)

 



Très quelconque film d’Henry Verneuil, qui semble ne pas trop savoir quelle route sinueuse suivre entre le film policier, la chronique de mœurs, le récit de vengeance ou la gestion d’un casting de stars. Le tout est très emprunté, prévisible, sans passion et sans profondeur. On est même surpris de la superficialité des personnages, que les multiples flashbacks ne parviennent pas à épaissir.
Dans ce mitan des années 70, Belmondo a résolument pris le virage Bebel : immédiatement ses personnages s’en ressentent et deviennent prisonniers de l’acteur qui simplifie son jeu et tend, très vite, à la caricature. Le Corps de mon ennemi, qui garde Bebel sans cesse en plein centre du cadre, ne peut guère échapper à cette caricature et à cette dégaine surannée qui a bien mal vieillie.



mardi 2 novembre 2021

Le Vandale (Come and Get It de H. Hawks, 1936)





Dans ce petit film de Howard Hawks, si la première partie est très réussie – avec notamment la remarquable séquence très spectaculaire de l’abattage des troncs qui dévalent les pentes pour se ficher dans l’eau – la seconde est beaucoup plus conventionnelle.
On est ici dans le cinéma de commande très hollywoodien, mais on retrouve des thématiques chères à Hawks, notamment la construction autour de l’amitié, avec de beaux élans nostalgiques sur le temps révolu et les moments passés. C’est cette amitié qui aidera Barney à prendre conscience qu’il se fourvoie et que ses sacrifices (abandonner celle qu’il aime pour préférer un mariage garantissant sa fortune) furent des erreurs terribles.