De façon très habile, Güney montre à quel point les différents personnages sont coincés, prisonniers de forces qui les dépassent et les obligent. Sauver l’honneur, respecter des traditions, supporter le regard féroce et impitoyable de la société : dans tous les cas il n’y a pas de place pour un destin individuel. Pour ces détenus de droit commun, la permission d’une semaine, finalement, les déplace d’une prison vers une autre.
Plusieurs séquences sont à la fois très belles et très dures, en particulier lorsque Seyit Ali, pourtant perclus d’amour pour sa femme, s’en remet à l’ordalie traditionnelle et que celle-ci doit traverser le col enneigé seule.
C’est là la grande réussite du film : il ne se contente pas de dresser un portrait terriblement incisif sur la société turque mais il happe par la véracité et la puissance de ses personnages et de ses situations.