lundi 6 janvier 2025

Sexcrimes (Wild Things de J. McNaughton, 1998)

 



Prototype de film en forme de thriller qui accumule les coups de théâtre (un peu comme le fait Chabrol dans Les Innocents aux mains sales par exemple). Ici ce ne sont pas moins de quatre ou cinq coups de théâtre successifs, qui viennent faire rebondir l’affaire et changer du tout au tout sa perception. Du moins dans un premier temps puisqu’ensuite le spectateur a compris que tout pouvait basculer à nouveau, ce qui rend l’histoire beaucoup plus artificielle. Des personnages que l’on croyait morts qui reviennent, un flic intègre qui finalement ne l’est pas, des amants qui se trahissent : on est dans un film où, progressivement, on ne sait plus à quel saint se vouer, tout comme Sam Lombardo, en fin de film, qui hésite à boire son whisky, en se demandant (avec raison) s’il n’est pas empoisonné. Le personnage rejoint ici le spectateur, qui, à ce moment du film, ne croit plus en rien et se demande un peu lassé quel énième rebondissement va frapper.
Le film est donc d’abord un film de scénario et en cela il est très banal. Les personnages ne sont guère intéressants et l’image elle-même – même si elle joue parfois à montrer une image de Floride enchanteresse, pleine de palmiers et de soleil que viennent contrarier les caïmans qui rodent dans les marécages – n’est ni angoissante, ni envoûtante. Le réalisateur, peu inspiré, s’en remet uniquement aux rebondissements de son intrigue pour captiver.

 

vendredi 3 janvier 2025

Megalopolis (F. F. Coppola, 2024)





Ce dernier film de Francis Ford Coppola (dix ans après le précédent) et qui porte toute l’ambition volontiers mégalomaniaque de son réalisateur, déçoit.
Dans ce qui s’apparente de toute évidence comme un film somme, on en ressort avec une impression que tout cet assemblage d’images et de séquences ne dépasse pas le stade des esquisses ou des idées et ne forme pas un tout cohérent que serait le film. Il y a bien des fulgurances (le bureau penché dans une salle emplie de sable) et une créativité visuelle indéniable (dans une ambiance art-déco intrigante), mais au service d’un propos d’une banalité affligeante.
Mis à part l’argument de départ que l’on veut bien entendre et qui peut être propice à une thématique intéressante (la chute de l’Amérique renvoie au déclin de Rome), la suite, malheureusement, ne propose rien d’autres qu’une guerre de successions et d’ambitions, avec des tractations et des intrigues déjà vues mille fois et, qui plus est, autour de personnages creux et bien peu intéressants. Pour ne prendre qu’un exemple, Ran – qu’admire Coppola –, sur un thème finalement qui a de nombreux points communs, dit bien davantage, avec un lyrisme épique extraordinaire.
Bien sûr Mégalopolis évoque de nombreux films, à commencer par Le Rebelle de Vidor où est mis en avant le principe de l’individu érigé en génie sauveur, et l’on retrouve de nombreuses citations, de Metropolis à Citizen Kane. Mais au-delà de l’emprise visuelle de quelques séquences et au-delà du plaisir ponctuel de surprendre au détour de jeux d’images quelques allusions intertextuelles, on reste déçu par ce film testamentaire.