
Portrait
drolatique et pitoyable d’un raté, I Feel
Good suit d’un regard mi-amusé mi-navré les tentatives de Jacques Pora pour
emmener au bout l’une de ses idées invraisemblables. Il faut dire que l’ambition
d’être riche – qui apparaît ici comme la substance chimiquement pure de l’ambition
dans la société moderne – est un puissant moteur qui le fait repartir sans
cesse, incapable qu’il est de se rendre compte de ses incapacités. Le film joue
à plein du contraste avec sa sœur, pragmatique, humble et consciente d’elle-même.
On apprécie qu’une star comme Jean Dujardin
se mette dans la peau d’un tel hurluberlu, même si, il faut dire, ce
Jacques Pora a beaucoup à voir avec nombre de personnage joués par l’acteur,
personnages qui sont souvent gonflés d’égo et de suffisance mais très creux.
Ici le vide du personnage éclate au grand jour.
L’idée de chirurgie esthétique est très
bonne et Gustave Kervern et Benoît Delépine emmènent très loin leur situation,
dans un final à la fois drôle et pitoyable.
Cela dit, situé dans le microcosme d’une
communauté Emmaüs, on a du mal à voir dans I
Feel Good une satire de l’ensemble de la société tant, dans cette
communauté, il n’y a que Jacques qui ne jure que par l’ambition folle de la
réussite, alors que tous les autres, autour, savent très bien ce qu’il en est de
leur vie et apparaissent épargnés par les maux violents qui traversent le monde
(l'ambition, la recherche de la richesse, le culte de l’apparence, etc.).